Les 22 et 23 octobre, le Centre National de la Danse de Pantin proposait l'événement « Danses Partagées ».
Rencontres entre professionnels et amateurs, le point majeur de ce
projet était la venue du danseur étoile de l'Opéra de Paris, José
Martinez. Actuellement directeur de la Compagnie nationale de danse à Madrid,
il n'a pu venir à Paris. Au pied levé et déjà sur deux projets*,
Nicolas Paul, sujet à l'Opéra, l'a remplacé avec brio en éveillant l'âme
créative de tous.
Vous et la danse classique...
Je pratiquais la gymnastique et le violon. Un jour, j'ai suivi ma sœur à
un cours de danse. Avant tout, c'est la pratique qui m'a plu, les
sensations physiques et la musique. La passion s'est créée au fur et à
mesure. Je suis à l'Opéra depuis seize ans. La place de Sujet est
agréable et valorisante au sein du Ballet. J'ai la chance d'avoir des
rôles de solistes, de participer à un travail de groupe et à des
créations contemporaines. Il faut savoir profiter de ce que l'on a même
si la logique me pousse toujours à passer les concours.
Vous et le CND... Afin
que l'échange avec l'Opéra de Paris ait lieu, la directrice de la danse
Brigitte Lefèvre, et Monique Barbaroux, directrice générale du CND, ont
été d'accord pour que je remplace José. Je pense que Madame Lefèvre a
fait appel à moi parce que j'avais déjà eu l'occasion de participer à cet
événement en tant qu'assistant du danseur étoile et chorégraphe Kader
Belarbi. Cette expérience m'a permis de mieux préparer ce week-end où je
devais gérer un échauffement et des ateliers. J'ai été épaulé par
Géraldine Wiart, sur le projet dès le début. Elle est professeur à
l'école de danse. Elle a une vraie expérience de pédagogue et cela a été
une aide précieuse.
Vous et « Danses Partagées »...
J'ai axé les ateliers sur la création chorégraphique. Je pense que les
gens venaient avant tout pour José. Je ne me serai pas permis de
présenter son travail et je trouvais mal venu de proposer le mien. J'ai
soumis aux danseurs une photographie issue d'un ballet classique. Sans
musique, le but était de passer d'une position debout de dos à celle
représentée sur l'image. Je leur ai révélé un deuxième puis un troisième
cliché et c'est ainsi que chacun a créé son enchainement. A la fin de
l'atelier, certains ont présenté leur travail sur une musique d'Henry
Purcell. Je n'ai pas proposé de chorégraphie en guise dec onclusion.
J'aurais eu l'impression d'être dans le show et non dans le partage.
J'ai toujours pensé que le plus important était de faire les choses par
sincérité et ça n'aurait pas été le cas.
Vous et ces photographies...
J'ai passé un certain temps à les choisir parce que les images de danse
représentent souvent des attitudes emblématiques et difficiles à
reproduire. La position devait être à la fois complexe et réalisable
techniquement. Les photographies étaient là pour aider les danseurs à
développer l'imaginaire par le mouvement. Je me suis rendu compte qu'un
élément qui peut paraître comme un guide pour certains, est quelque
chose de totalement contraignant pour d'autres. De mon point de vue,
rares sont les cadres limitant.
Vous et les danseurs de l'atelier...
Le bonheur communicatif que les amateurs éprouvaient était très
touchant. Je me rappelle d'un père avec sa fille. Il faisait l'exercice
et elle, très jeune, dansait autour sans suivre le cadre qu'on avait
essayé de s'imposer. Des images de danse fortes se sont construites.
C'est aussi très intéressant d'observer la façon dont les danseurs plus
expérimentés vont utiliser leur technique et arriver à une proposition
personnelle. Quand on sent qu'une personne a du plaisir à pratiquer une
activité qu'elle n'avait jamais faite, on a l'impression d'avoir servi à
quelque chose. Ce plaisir qu'elle éprouve est pour beaucoup dans celui
du public et c'est une leçon pour moi, en tant qu'interprète.
Vous et la chorégraphie...
Dès lors que j'étais féru de danse, la chorégraphie a été une idée
fixe. Interpréter est un plaisir différent. J'imagine mieux mon avenir
sans être interprète que sans être chorégraphe. Je ne le vois pas comme
une préférence. Peut-être que dans un certain sens, la vie d'interprète a
des exigences qui me coutent plus que celles dues à la vie de
chorégraphe. Mais je ne crois pas que ce soit la vraie explication. La
seule raison, c'est le bonheur d'assembler et de mêler les choses. Tout
simplement, la joie de concevoir.
Vous et votre façon de travailler...
Sans photos et avec musique ! Mes pièces se construisent rarement à
partir d'une histoire. L'aspect narratif du ballet m'intéresse peu. Je
m'inspire beaucoup des autres arts, surtout de la peinture. J'aime que
le décor soit un outil en interaction avec les danseurs et non un simple
lieu. La lumière est présente dès le départ. Je retranscris des
sensations donc je ne peux pas imaginer des pas sans ressentir
l'ambiance dans laquelle ils se font. Et la lumière crée cette
atmosphère.
Vous et le travail de professeur...
La chorégraphie tient une place trop importante pour que je parvienne à
me projeter ailleurs. Et je ne sais pas ce que je pourrais enseigner.
Actuellement, je pense que l'on est à un tournant, les danses se mêlent.
Depuis longtemps le classique est très influencé par le contemporain.
Des créations de qualité sont proposées ce qui attire de nombreux
danseurs classiques. On assiste à une évolution de ce côté-là.Peut-être
qu'un jour, une pratique verra le jour pour préparer les danseurs à
danser, tout simplement.
Les 17 et 18 décembre au Théâtre municipal de Fontainebleau, Voie sans voix pour le projet Incidence Chorégraphique.
Vous pouvez retrouver cette interview (avec photo) ici : http://www.bscnews.fr/201111251935/Danse/danse-partagees-nicolas-paul-reveille-lame-creative.html
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